Billet du samedi 11 juin 2011
SAINT-JEAN-D'ANGÉLY
Elle jeûne depuis 22 jours
SWEET HÔTEL –Depuis le 20 mai, une hôtelière fait la grève de la faim. L'établissement est à mettre aux normes et menacé de fermeture.
Lire aussi le billet Deux hôteliers menacés de fermeture font la grève de la faim (28 mai 2001)
Continuer à travailler sans s'alimenter : c'est ce que fait Laurence Prin depuis 22 jours. PHOTO BERNARD MAINGOT
Samedi 11 juin 2011 : cela fait maintenant 22 jours que Laurence Prin a cessé de s'alimenter, buvant de l'eau, du café et des jus de fruits. Responsable de l'hôtel Sweet Hôtel, un établissement de 30 chambres implanté à La Vergne, à la sortie Saint-Jean-d'Angély de l'autoroute A 10, elle considère être prise à la gorge par les prescriptions délivrées, début mai, par la commission de sécurité. D'ici les 31 juillet et 31 octobre, elle doit mettre en conformité son établissement avec la pose de portes coupe-feu et l'interdiction d'utiliser pour l'hébergement des mezzanines dans six chambres.
Exploitant le fonds de commerce qu'elle a racheté à l'enseigne Ever Hôtel, qui a construit l'établissement en 2006, elle considère que ces travaux sont du ressort des 16 propriétaires qui ont acheté des parts et possèdent 30 chambres, dans le cadre d'une opération de défiscalisation, et du propriétaire du restaurant, également P-DG de la holding.
« Les mezzanines des six chambres ne sont pas prévues dans le permis de construire. La commission de sécurité qui a autorisé l'ouverture d'Evert hôtel en 2006 aurait dû signaler cette non-conformité. En mai 2007, un arrêté préfectoral interdit de les louer. Pourtant je payais le loyer à Ever Group. La pose de murs et portes coupe-feu s'élève maintenant à plusieurs dizaine de milliers d'euros, car il faut aussi reprendre la plomberie qui est à déplacer, tout comme la coursive technique et les armoires électriques dans l'hôtel et le restaurant. Je n'en veux pas à la commission de sécurité d'avril 2011, mais à celle du départ pour un établissement non conforme. Je n'aurais jamais ouvert en connaissant ces malfaçons et ces carences ».
Ces manquements sont d'ailleurs rappelés dans une lettre du 1er juin, adressée par Pierre Bouloc, maire de La Vergne à Aquitaine Gestion Syndic et à Ever Group : « Lors de la réunion de la commission de sécurité quinquennale, nous avons constaté de graves manquements en matière de sécurité, manquements datant de la construction de l'hôtel.(...) Certaines dispositions du permis de construire n'ont pas été respectées ».
Le 16 mai, le maire a pris un arrêté « autorisant l'exploitation de l'établissement » sous réserve que certains travaux incombant aux propriétaires soient effectués. En cas de non-exécution, il sera dans l'obligation de faire fermer l'établissement au terme du délai fixé, à savoir le 31 octobre 2011.
L'hôtelière mène aussi une bataille juridique contre la holding Ever Group : « Je demande le remboursement des frais juridiques depuis novembre 2006, environ 100 000 euros, le remboursement des loyers des six chambres qui ne peuvent être loués avec les mezzanines et des dommages et intérêts.
Pour l'heure, Laurence Prin considère que rien ne bouge : « Les propriétaires ne veulent pas bouger et seraient plutôt vendeurs. Leurs loyers ne sont plus payés par la holding Ever Group à la suite d'une saisie conservatoire de 165 000 euros sur mon compte pour 120 000 euros dûs : les loyers sont actuellement bloqués car j'ai cessé de payer en novembre 2009 pour que ça bouge et je fais fonctionner l'hôtel avec mes deniers. Rien ne bouge depuis 22 jours. Je vais peut-être fermer l'hôtel et continuer ma grève de la faim en allant planter ma tente à Lagord ». Là où se trouve Ever Group construction.
Bernard Maingot.