POITOU-CHARENTES
Des mesures d'urgence
pour les éleveurs du Poitou-charentes
La situation ressemble à celle de 1976 : une absence de pluie depuis plusieurs semaines qui va entraîner un manque de fourrage. Dans les prés, l’herbe est clairsemée et les bovins y trouvent peu à manger. Déjà des éleveurs ont recours à la paille pour nourrir des bêtes.
Avec la crise économique, la consommation de viande a encore diminué. Dans le même temps, les charges des producteurs ont augmenté sous l’effet des nouvelles contraintes environnementales et du prix des céréales. De nombreux agriculteurs vont être en péril. Pour certains éleveurs, cela pourrait être fatal à leur activité, leur trésorerie étant déjà fragile. En amont comme en aval, c’est toute une filière qui va être touchée : fournisseurs, abattoirs, consommateurs, lesquels paieront leur viande plus chère.
Avec la sécheresse, les rendements de céréales seront faibles, ce qui va engendrer des prix céréaliers à la hausse.
Mercredi, Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, a rappelé à l'ordre les céréaliers, les enjoignant à être solidaires des éleveurs touchés par la sécheresse. En clair, il ne faudra pas spéculer sur le prix de la paille, désormais indispensable pour nourrir le bétail
Devant l'assemblée nationale, Bruno Le Maire a évoqué le cas d'agriculteurs de Poitou-Charentes, région la plus touchée par la sécheresse, obligés d'abattre des bêtes pour financer la nourriture du reste du troupeau. Il souhaite que les céréaliers mettent sur le marché la paille obtenue après la récolte de blé au lieu de la broyer pour enrichir le sol. Faute de solidarité, le ministre a menacé de prendre les dispositions réglementaires qui interdiront le broyage de la paille sur l'ensemble du territoire.
Une mesure déjà existante en Corrèze, où le préfet a pris un arrêté interdisant le broyage des pailles sur son département et ce jusqu'au 15 septembre, tant que la météo ne sera pas plus favorable.
Lundi, les céréaliers ont fixé à 25 euros le prix moyen de la tonne de paille, un prix supérieur à celui avancé par la FNSEA qui a évoqué une fourchette entre 20 et 22 euros la tonne.
Dans un communiqué du 19 mai, Ségolène Royal, Présidente de la Région Poitou-charentes, s’est rendue le jour même dans une exploitation, à Aslonnes, dans le sud Vienne, particulièrement touché par la sécheresse.
La suite du communiqué de la Région :
« Les agriculteurs ont souligné l'inaction du gouvernement et l'absence d'anticipation alors que la crise est forte.
Ségolène Royal a demandé au gouvernement, en accord avec les agriculteurs :
1/ le blocage des prix (fourrage et coût des fournitures…) par un décret comme cela a été le cas en 1976 et le blocage du prix de la paille à 18 euros la tonne.
2/ la réquisition des céréales, notamment destinées à l’exportation, pour l’alimentation du bétail à un tarif contrôlé comme cela a été le cas en 1976.
3/ l’interdiction du broyage de la paille comme l’a déjà fait le préfet d'un département (NDLR, en Corrèze).
Ségolène Royal a annoncé que la Région Poitou-Charentes prenait ses responsabilités avec un plan d’actions et des premières mesures d’urgence :
- la mise en place d’un fonds d'aide d’urgence aux éleveurs et de soutien aux cultures beaucoup plus résistantes à la sécheresse de cinq millions d’euros, dont la première action sera la prise en charge de l’achat du fourrage et des frais de transport.
- la mise en place d’un numéro vert : 0800 009 086. Ce numéro vert s’adresse aux éleveurs qui ont besoin de fourrage, ainsi qu’aux agriculteurs et aux personnes (collectivités, entreprises, associations et particuliers) qui ont des surfaces de fourrage à offrir.
Par ailleurs, les agriculteurs céréaliers se sont engagés à des actions de solidarité envers les éleveurs, en mettant notamment leurs terres à disposition pour y implanter des fourrages. »
Un communiqué de Agnès Longueville, directrice du service communication, Région Poitou-Charentes
06 85 03 77 87/ 05 49 55 68 66